Mardi 12 janvier, Frédérique MASSAT est intervenue dans discussion générale de la Commission mixte paritaire du projet de loi relatif au changement de statut de La Poste.
Retrouvez ci-dessous son intervention:
Tous vos grands discours ne sont pas parvenus à nous rassurer sur le devenir de La Poste.
Au vu des expériences passées, nous sommes convaincus que ce projet de loi est uniquement destiné à faire sauter rapidement le verrou que constitue le statut actuel, pour permettre l'ouverture du capital de La Poste au privé lors de l'examen d'un texte de loi ultérieur.
Élue d'un territoire rural, je suis particulièrement inquiète sur la pérennité de sa mission de service public de proximité et je redoute la fin de l'égalité d'accès de tous au service postal, déjà sérieusement mise à mal.
En effet, si les débats ont permis de garantir les 17 000 points de contact, il faut toutefois nuancer et lire entre les lignes. Le maillage territorial de La Poste est loin d’être aussi abouti qu'on voudrait nous le laisser croire.
Ainsi, nous avons tous déjà constaté dans nos territoires les multiples modifications opérées ces dernières années qui affaiblissent l'offre et la qualité du service postal : réduction des horaires d'ouverture, remplacement des bureaux de poste de plein exercice par des agences postales ou des relais poste.
À cela viennent s'ajouter les difficultés dans la distribution du courrier suite aux suppressions de postes enregistrées ces dernières années. Je rappelle qu'un facteur malade ou en vacances n'est pas toujours remplacé, faute de personnel suffisant.
À ces problèmes auxquels sont déjà confrontés nos concitoyens résidant dans des territoires ruraux et de montagne, votre réforme n'apporte aucune solution. Au contraire, elle va les aggraver puisque votre Gouvernement, au nom de la spéculation, a clairement décidé de sacrifier l'intérêt général.
À l'heure actuelle, même si la fracture postale est une réalité, le statut d'établissement public de la Poste garantit malgré tout la couverture de l'intégralité du territoire français.
Il est fort à craindre que, si La Poste s'enfonce davantage dans une logique marchande à travers sa privatisation rampante, elle ne délaisse certaines zones géographiques au profit d'autres plus rentables.
Pour les territoires de montagne, c'est la double peine. D'un côté, on réduit la présence postale au prétexte que l'utilisation des nouvelles technologies a fait diminuer l'activité postale, mais de l’autre, sur ces mêmes territoires, aucun effort d'équipement n’est fait pour accéder à la toile, comme nous avons récemment pu le constater avec la loi sur la fracture numérique. Résultat : réduction de l'offre postale et aucune couverture numérique…
Responsables politiques représentant les territoires ruraux et de montagne, nous avons à cœur de défendre le maintien des services publics parce que nous sommes intimement persuadés qu'en raison des conditions géographiques et climatiques propres à nos territoires – et l’actualité nous donne raison – leur disparition signifierait de facto un enclavement encore plus grand.
Monsieur le ministre, tout à l’heure vous avez évoqué l’espérance d’avenir des postiers avec ce nouveau statut. Mais avez-vous entendu l’inquiétude des 2,3 millions de citoyens et leur forte opposition à ce projet ? Vous faites la sourde oreille. C’est pourquoi nous nous battons contre ce texte qui vise à affaiblir la présence postale et la qualité de l'offre proposée pour les citoyens et pour nos territoires. Car, comme la plupart des réformes et des projets politiques portés par votre majorité, ce texte marque une fois de plus le profond désengagement de l’État.
Non assumé, ce désengagement se traduit par ce que je qualifierai de scandaleux chantage à la présence postale auprès des élus, que vous voulez rendre responsables de la fin de la présence de La Poste dans leur commune !
Alors que nous sommes en pleine période des vœux et des bonnes résolutions, je vous invite, monsieur le ministre, à respecter la volonté des Français qui ont massivement exprimé leur attachement à La Poste et à revenir sur votre projet de réforme du statut de la poste. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)