RETROUVEZ CI-DESSOUS LA CONTRIBUTION RÉDIGÉE PAR LES MEMBRES SOCIALISTES DE LA MISSION D'INFORMATION:
Notre participation à cette mission d'information sur l'énergie éolienne s'inscrivait dans le cadre de l'examen du Grenelle II. Nous sommes entrés dans cette mission avec la volonté de participer à la définition consensuelle d’un cadre, législatif et réglementaire précis, durable et conforme au respect des engagements européens de la France.
Les objectifs de la mission définis collectivement lors de la 1ere réunion et rappelés dans le rapport visaient à :
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établir un état des lieux des activités éoliennes
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étudier les perspectives de développement dans le cadre d'une véritable filière qui impliquerait la recherche et l'industrie française
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engager une nécessaire analyse des conditions d'acceptation par la population pour apaiser les polémiques pouvant exister
Six mois d’auditions et de travail nous avaient laissé espérer la possibilité de trouver une synthèse pour considérer que le vent comme le soleil ou l’eau était une véritable énergie renouvelable ayant toute sa place dans notre bouquet énergétique ; Malheureusement, à la lecture du rapport nous constatons que tous les objectifs de la mission ne sont pas remplis:
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Si l'état des lieux est réalisé,
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les perspectives de développement de la filière n'apparaissent pas alors que l’audition de Madame Pappalardo, du Commissariat général au développement durable,( qui ne figure pas dans le rapport) a été l’occasion d’apporter un éclairage complet sur cette question complété par le rapport « filières industrielles stratégiques de l’économie verte » de mars 2010.
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La mission analyse les conditions de leur acceptabilité en se limitant aux citations des opposants à l'éolien auditionnés.
Ce qui contribue à donner un rapport déséquilibré.
Un parti pris sur une idée trop bien reçue : l’éolien est trop cher et dégradant pour les paysages
Le rapport est à charge se contentant de reprendre les critiques traditionnelles à l’égard de l’énergie éolienne. Pourtant les auditions ont démontré la relativité de certaines critiques récurrentes, comme l’intermittence de l’énergie éolienne, par la précision toujours grandissante des prévisions météorologiques, l’interconnexion des réseaux et le stockage hydraulique.
Même remarque concernant le « surcoût » de l’éolien toujours comparé à celui de la production de l’électricité sous-estimé par la CRE à 75€ MWh en 2020. Ce surcoût serait toujours supporté par les consommateurs au travers de la CSPE (aujourd’hui 5% de la CSPE) tout en ignorant la probabilité d’avoir à moyen terme un coût du Mwh éolien inférieur à celui l’électricité de référence. De plus, c’est oublier qu’en période de pointe EDF achète de l’électricité à nos partenaires européens plus chers que le kWh éolien.
Le rapport fait aussi un panégyrique des paysages français, comme élément essentiel de l’identité d’une nation.
Si on doit effectivement prendre en compte le respect des sites et des paysages avant l’implantation d’éoliennes, comme d’ailleurs avant la construction de toute infrastructure, il revient à la puissance publique de conjuguer différentes priorités et notamment la protection de l’environnement, la fourniture d’un bien de première nécessité comme l’énergie et la diversification du bouquet énergétique.
Le rapport enterre notre engagement européen et l’article 2 du Grenelle 1 que nous avons voté
Il faut rappeler ici le cadre fixé par le Grenelle 1 : La France concourra, à la réalisation de l'objectif d'amélioration de 20 % de l'efficacité énergétique de l’Union européenne et s'engage à porter la part des énergies renouvelables à au moins 23 % de sa consommation d'énergie finale d'ici à 2020.
Comme l’indique le rapport, pour atteindre ces objectifs l’énergie éolienne devrait représenter 10% de notre production électricité en 2020. Nous sommes déjà en retard (l’énergie éolienne contribuait en 2009 à moins de 1,5% de la consommation électrique française) et ce rapport au lieu d’être un élan constitue un nouveau frein.
La seule ouverture du rapport est l’éolien offshore, tout en soulevant la difficulté de déterminer un juste prix
Le rapport n’aborde l’énergie éolienne que sous le prisme de la réduction des gaz à effet de serre pour ainsi remettre en évidence l’apport de l’énergie nucléaire.
Mais l’éolien a d’autres spécificités qui ne peuvent être ignorées dans la recherche d’un bouquet énergétique durable et équilibré : sa production locale permet d’échapper à la géopolitique de l’approvisionnement ; sa production ne pèse pas sur les générations futures. Il se substitue au thermique : le postulat de la CRE sur le développement de l’éolien nécessitant parallèlement le développement du thermique a été démenti lors de deux auditions et contredit par la situation de 2006 où l’éolien s’est substitué au trois quarts au thermique en période de pointe. Curieusement cette démonstration contredisant la thèse du rapport a disparu de celui-ci.
Un rapport sélectif et lacunaire
Le rapport dénonce les effets d’aubaine pour les opérateurs, les promoteurs ainsi que pour les propriétaires et les collectivités locales. Pourtant l’audition d’une haut fonctionnaire du Ministère de l’Economie et des Finances a nié cet effet. Mais ces propos n’ont pas été repris dans le rapport…
Le rapporteur se félicite également de la réforme de la taxe professionnelle qui réduit l’intérêt pour les élus locaux pour l’implantation d’éoliennes sur leur territoire. Et d’illustrer cette position en prêtant des propos au maire de Saint Georges sur Arnon, auditionné par la mission, d’accepter l’implantation d’éoliennes sur son territoire « car il s’agissait sans doute d’une réelle opportunité économique et fiscale ». Pourtant, le compte rendu de cette audition ne mentionne nulle part cette motivation de l’édile.
On peut également regretter que le rapport n’ait pas suffisamment expertisé la question du développement de la filière industrielle française éolienne terrestre et maritime. Si le rapport souligne que 150 000 emplois ont été créés en Europe dans le secteur éolien, il est à préciser que, en France, cela représente 10 600 emplois directs et 60 000 sont en perspective d’ici 2020, selon l’ADEME, sans préjuger de la mise en place d’unités de construction ou d’assemblage sur le territoire. Alors que d’autres secteurs industriels comme l’automobile sont en perte chronique d’emplois, l’implantation de l’éolien peut permettre d’éviter le démantèlement de lignes de production et les pertes d’emplois associées.
Une solution avancée par le rapport: freiner et durcir les règles d’implantation des éoliennes
La loi du 2 juillet 2003 a prévu la mise en place par les régions de schémas régionaux éoliens facultatifs.
La loi du 13 juillet 2005 a mis en place les ZDE pour bénéficier de l’obligation d’achat, et prescrit une étude d’impact et une enquête publique pour les éoliennes de plus de 50 m
La loi du 3 aout 2009 crée les schémas régionaux des énergies renouvelables par les régions.
Le rapport préconise l’opposabilité de schémas éoliens régionaux élaborés par les préfets, donc soumis à enquête publique complétée de l’application du régime des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE) aux éoliennes.
Nous aurions pu accepter le principe d'un schéma régional éolien réalisé par les élus en liaison avec l'état, sous réserve d'une remise à plat des procédures actuelles (et non pas d'un empilement de dispositifs) et sous réserve du retrait de la procédure ICPE pour les éoliennes. L'obligation de la procédure ICPE présentée dans le rapport adossée au schéma éolien régional fait peser des contraintes administratives trop lourdes qui condamnent le développement de l'énergie éolienne. Il n'est pas raisonnable d'assimiler une éolienne à une usine à risques industriels en lui appliquant le régime des installations classées pour la protection de l’environnement
Nous ne nions pas les problèmes d’acceptabilité sociale de ces projets éoliens. Les procédures de concertation et la transparence des décisions doivent très certainement être améliorées. Il faut pouvoir concilier l’augmentation de la production de l’énergie éolienne au regard de nos engagements et l’acceptabilité sociale des projets.
Le rapport aurait pu être l’occasion:
1/ d’approfondir les conditions d’optimisation voire les limites de la substitution du thermique par l’éolien en période de pointe
2/ d’analyser les bilans d’exploitation des sites existants afin d’objectiver les données permettant de fixer un juste tarif de rachat.
3/ d’accélérer la publication des décrets d’application des lois votées et notamment pour la constitution de provisions pour démantèlement des éoliennes (la loi du 2 juillet 2003)
En conclusion :
Eu égard aux objectifs de la France en matière d'énergie renouvelable en en particulier d'énergie éolienne ;
Eu égard à la définition d'énergie renouvelable incluant l'éolien ;
Eu égard à cette énergie propre, renouvelable, réversible et « locale » ;
Nous estimons que ce rapport ne remplit pas tous les objectifs initiaux de la mission.
Il se focalise essentiellement sur les nuisances de l'éolien, sans apporter des propositions visant à développer la production d'énergie éolienne dans le respect des territoires et des populations, ainsi nous ne pouvons l'approuver.