Contexte:
Depuis quelques mois, l'UMP ressort ses vieilles recettes pour tenter de reconquérir un électorat qui lui échappe. Ainsi, Nicolas Sarkozy s'est emparé du thème de l'absentéisme scolaire:
- Le 24 mars à l'Elysée, trois jours après la défaite électorale de son camp, il assure qu'il n'y aura "plus aucune concession" à l'égard des perturbateurs.
- Le 20 avril 2010 lors de la prise de fonction du préfet du 93, il annonce que les allocations familiales pourraient être suspendues en cas d'absentéisme scolaire grâce à une proposition de loi rédigée par Eric Ciotti
- Le 5 mai dernier à l'Elysée, devant les préfets, procureurs généraux et recteurs d'académie, il présente son plan pour juguler les violences à l'école, affirmant qu'il sera "intraitable" face à ce "scandale".
- Et le 25 mai dernier, il préside un groupe de travail sur les violences scolaires et l'absentéisme dans un collège de Beauvais
Le dispositif proposé par la proposition de loi:
Eric Ciotti, Président du CG des Alpes -Maritimes et secrétaire national UMP en charge des questions de sécurité a expérimenté ce dispositif dans son département et a déjà signé 65 contrats d'accompagnement.
Le principe:
- 1ère étape: le chef de l'établissement scolaire signale à l'inspecteur d'académie les cas d'absences non justifiées d'au moins 4 demi-journées sur un mois.
- 2ème étape: l'inspecteur d'académie adresse un avertissement à la famille. En parallèle, il saisit le Président du CG en vue, le cas échéant, de la mise en place d'un contrat de responsabilité parentale.
- 3ème étape:Si au cours de la même année scolaire, l'absentéisme de l'élève est à nouveau constaté (4 demi-journées sur un mois), l'inspecteur d'académie a l'obligationde saisir le directeur de la CAF qui suspend immédiatement le versement des allocations familiales
La reprise du versement n'intervient que si l'inspecteur d'académie constate que l'élève est à nouveau assidu pendant une durée d'au moins un mois.
Le rétablissement des allocations est rétroactif sauf en cas de nouvelles absences.
Les allocations suspendues demeurent prises en compte pour le calcul du RSA
Un dispositif pas si nouveau...
- Créée dès 1966, la suppression des allocations familiales pour lutter contre l’absentéisme a finalement été abrogée par la Droite en 2004suite aux conclusions d'un rapport commandé par Luc Ferry, alors ministre de l'Education nationale, en raison de son inefficacité.
- Suite aux émeutes dans les banlieues de 2005, le Gouvernement de l'époque répond par laloi du 31 mars 2006 sur la cohésion sociale. Elle réinstaure la possibilité de suspendre les allocations familiales mais la place sous la responsabilité du président du Conseil général.
- Récemment, la loi d'orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure pour la sécurité intérieure (LOPPSI 2), votée en février dernier et en attente d'être examinée par le Sénat, fut l'occasion de débattre une nouvelle fois de cette sanction. Il fut question d'un amendement qui devait donner la possibilité, non plus au Président du Conseil Général, mais au préfet de supprimer ces prestations familiales. Finalement, l'amendement n'a pas été présenté.
Commentaires socialistes:
Si combattre l'absentéisme scolaire est une noble cause soutenue par tous, le texte proposé par Eric Ciotti relève davantage d'unemesure d'affichageque d’une véritable mesure en faveur de l’éducation pour tous.
En effet, pour résoudre une problématique aussi complexe que l’absentéisme, il se contente de stigmatiser des familles en les privant des allocations familiales sans prendre le temps d’en rechercher les véritables causes.
Cette disposition est profondément injustepuisqu’elle ne concerne pas les familles qui n’ont qu’un seul enfant étant donné qu’elles ne perçoivent pas d’allocation familiale.
Elle est également inutile eu égard à l’arsenal juridique déjà existanten la matière.
Enfin, les exemples étrangers de responsabiliation des parents par la sanction illustrent l’absence de résultat de ces politiques (en Grande-Bretagne, l'absentéisme scolaire a augmenté malgré la mise en oeuvre d'une politique ultra répressive).
Pourtant, l’absentéisme scolaire est une réalité qu’il ne faut pas ignorer. Elle révèle les inégalités sociales de notre système scolaire que seule une véritable politique de l'Education permettra de résoudre efficacement.
Les réponses socialistes:
Pour une véritable politique de l'éducation, seule solution pour combattre les inégalités:
- Réformer l'enseignement professionnel où les taux d'absentéisme sont les plus élevés. Perçu aujourd'hui comme la voie de garage, il faut au contraire en faire un véritable lieu de préparation à des métiers qualifiés;
- Réformer le système de l'orientation;
- Apporter une attention soutenue aux élèves en difficultés pour réduire le nombre de jeunes sans diplômes qui passe obligatoirement par une division par deux des effectifs des classes dans les quartiers en difficulté;
- Soutenir les réseaux d'écoute et d'appui et d'accompagnement de parents (REAAP) et de faire en sorte que les médiateurs scolaires ne soient pas des emplois précaires et à temps partiels;
- Développer des politiques d'implication des parents.
L'inverse de la politique menée par le Gouvernement qui:
- - Supprime des milliers de postes dans l'éducation (16 000 suppressions prévues à la rentrée 2010);
- - Démantèle les RASED;
- - Abandonne progressivement la politique de ZEP.
LES DEPUTES SOCIALISTES VOTERONT CONTRE CE TEXTE